"QUI ETAIT L'INCONNU DE L 'AVION DU GÉNÉRAL LECLERC ?
OU LA GRANDE IMPOSTURE"
Je révèle dans ce
livre que le treizième passager de l'avion du Général LECLERC, déclaré inconnu
dans son acte de décès enregistré à l'état civil de Colomb-Béchar (Algérie) le
29 novembre 1947, était l'ancien empereur d'Annam DUY TAN, déposé en 1916 pour
avoir pris la tête d'une rébellion contre la France et exilé à l'île de La
Réunion en même temps que son père, l'ex-empereur THAN THAI, déposé en 1907.
Reçus à Saint-Denis
le 20 novembre 1916 avec les honneurs dus à leur rang, ils sont installés avec
leurs familles dans des résidences sur les hauteurs de la ville, puis
transférés en 1917 en Algérie. THAN THAI y séjournera jusqu'à son rapatriement
au Vietnam en mai 1947, DUY TAN jusqu'à sa mort le 28 novembre 1947.
Pendant la deuxième
guerre mondiale, un radio-électricien de Saint-Denis de la Réunion, nommé Vinh
San, réussit à se faire passer pour l'ancien empereur rebelle, devenu
super-patriote français. Engagé dans les Forces Françaises Libres, promu
rapidement au grade de chef de bataillon de l'Armée Française, il est introduit
auprès du Généra! DE GAULLE, qui voyant en lui un successeur tout désigné de
l'ex-empereur d'Annam BAO DAI, passé au côté de HO CHI MINH, le reçoit le 14
décembre 1945 et projette d'aller le rétablir lui-même sur le trône d'Annam.
Douze jours plus tard, le 26 décembre 1945, l'avion qui, dans cette attente, le
ramenait près de sa famille à La Réunion s'écrase à une centaine de kilomètres
de Bangui, dans des circonstances qui n'ont jamais été éclaircies. Ses neuf
occupants meurent carbonisés.
En 1987, après que
sa tombe ait été laissée pendant 42 ans à l'abandon dans un cimetière de
brousse, les restes de l'imposteur sont officiellement exhumés et rapatriés,
accompagnés par quatre de ses enfants, jusqu'à Hué, où ils sont inhumés avec
les honneurs dus à un authentique patriote vietnamien. En réalité, ce sont les
restes du véritable empereur DUY TAN, dont le cercueil en provenance d'Algérie
a été substitué à celui du faux DUY TAN, qui ont été ainsi enterrés à Hué.
L'opération a été
montée par Jacques FOCCART qui a mis en place un réseau destiné à empêcher que
la vérité, connue au Vietnam, le soit aussi en France. En conséquence, tout un
pan de notre histoire nationale concernant le Général Leclerc, le Vietnam et
l'Algérie se trouve toujours pratiquement interdit à la recherche scientifique.
Preuves: 1/ Le Général DE GAULLE, qui relate dans Le Salut, son entrevue du 14
décembre 1945 avec le commandant Vinh San ne parle plus de lui par la suite
dans ses Mémoires, alors que selon le Généra! de BOISSIEU, sa mort douze jours
plus tard l'aurait profondément affecté et serait une des raisons de sa
démission le 20 janvier 1946 2/ Qui croira jamais que le gouvernement
vietnamien de Monsieur Pham Van Dong aurait pu accepter le rapatriement
officiel d'un ancien empereur d'Annam censé avoir trahi ses compatriotes en
1916 et mort sous l'uniforme de chef de bataillon de l'Armée française?. 3! Les
deux ex-empereurs seraient toujours restés à La Réunion entourés de leur
nombreuse famille. Mais personne n'est capable dire où et comment ils auraient
ainsi vécu sur l'île pendant 30 ans.
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Extrait de mon livre, pages 27 & 28
Le Général VANUXEM,
ancien professeur à Argentan, dans l'Orne, que j'avais eu comme colonel à
Fribourg en Allemagne et que j'aurai encore l'occasion de revoir au Mozambique,
a fait de l'anticommunisme son fonds de commerce journalistique. Cela lui
obnubile un peu l'esprit. Il ne saisit pas l'importance de la différence de
nature des objectifs. Il se borne à me répéter: « Ah si nous avions eu le
matériel qu'ont les Américains, il y a longtemps que nous l'aurions gagnée
notre guerre d'Indochine à nous !. » Je lui réponds qu'il ne l'aurait pas
gagnée davantage, qu'elle aurait peut-être duré plus longtemps mais que le
résultat aurait été le même. On en revient toujours là.
BEAUFRE est
beaucoup plus subtil. Il comprend mieux la situation. Il admet que la
différence de nature des objectifs contribue largement à rétablir l'équilibre
des forces. Finalement, il ne serait pas loin de penser comme moi. Mais comme
il écrit en première page du Figaro, il ne peut quand même pas aller jusqu'à
dire à ses lecteurs que les Américains ne gagneront pas la guerre. Aussi nos
entretiens ne transparaissent-ils qu'en filigrane dans ses articles. Sa santé,
malheureusement, se détériore rapidement. Et un jour, c'est Max CLOS que je
reçois pour le Figaro. Par amitié pour Beaufre. Je l'invite à déjeuner à la
maison. Mais lui est foncièrement politique, la situation militaire, en
elle-même, ne l'intéresse guère et le contact ne se rétablit pas.
Je crois que ces
visites assez fréquentes d'envoyés du Figaro étaient dues au fait que le
journal n'avait pas de correspondant permanent à Saigon, à la différence de son
rival Le Monde qui avait sur place, depuis un certain temps déjà, un
journaliste de grande classe, Jean-Claude POMONTI. Lui n'avait nul besoin de
moi. C'était plutôt moi qui avais besoin de lui. Parfaitement intégré au milieu
sud-vietnamien, ayant des relations dans toutes les couches de la société
saïgonnaise, il n'y a pas alors de meilleur connaisseur de la politique du
pays. C'était une chance de plus pour moi. Ses articles dans Le Monde ajoutés
aux dépêches de l'AFP et à mes analyses des publications du Haut Commandement
américain me donnaient une vue d'ensemble à peu près valable de la situation du
pays.
L'offensive du Tet
eut également comme conséquence que notre attaché militaire à Pnom Penh, le
colonel POISSON, fut autorisé à faire de temps à autre un séjour à Saigon, ce
qui montre bien que nos relations diplomatiques avec le Sud-Vietnam n'étaient
pas complètement rompues. J'étais, naturellement son principal correspondant au
consulat. Nos relations, quoique parfaitement correctes, demeurèrent toujours
ambigus. Alors que je ne lui cachais rien de ce que je savais de la situation
au Vietnam, il se gardait bien, en revanche, de me fournir le moindre
renseignement sur la situation au Cambodge, notamment dans sa zone frontalière
avec le Sud-Vietnam, particulièrement sensible à ce moment-là. Ses préventions
ne pouvaient pas m'échapper. Quand, dans le bureau de LECLERC, nous lui
exposions, chiffres à l'appui, les raisons de notre conviction que les forces
américaines ne parviendraient pas à éliminer le Vietcong, il ne formulait
jamais d'objection, mais l'on sentait bien que tout ce que nous lui disions le
contrariait fortement. Nonobstant DE GAULLE, nos militaires étaient de coeur et
d'esprit, dans leur majorité, avec l'armée américaine.
Je reçois un jour
un appel téléphonique qui me laisse pantois. On me demande si j'accepterais de
m'entretenir confidentiellement avec le Général Moshé DAYAN. Je sais qu'il est
depuis une dizaine de jours au Sud-Vietnam, mais je pense tout de suite à une
mauvaise plaisanterie. Je demande à réfléchir et prie mon correspondant de me
rappeler un peu plus tard. Il me rappelle. Je lui dis que j'invite le Général
DAYAN à dîner. Il me répond que cela lui est impossible, que toutes ses soirées
sont prises. Il me propose qu'il vienne chez moi, en fin de soirée justement.
Il me téléphonerait pour me préciser le jour. Je lui donne mon accord. Moshé DAYAN
arrive rue Hai Ba Trung vers onze heures et demi. Toute la famille est couchée.
Seule Thi Hal est restée pour servir le café. Le Général me résume brièvement,
sans commentaire, la tournée qu'il vient de faire au sud du 20ème parallèle et
me demande franchement pourquoi, à mon avis, les Américains ne peuvent pas
gagner la guerre. J'essaie de lui exposer mes raisons de façon aussi
claire et aussi cohérente que je le peux. Mais, outre que je n'ai jamais été
brillant à l'oral, je suis impressionné et bien que mon
argumentation soit rôdée, j'ai le sentiment qu'elle n'est pas aussi
convaincante que je le voudrais. Heureusement quand j'ai fini, Moshé DAYAN reprend
lui-même, une à une, les considérations que je viens de faire valoir et nous
entamons alors une discussion serrée, passionnante et par moments passionnée,
qui se prolonge jusque vers trois heures du matin. Je ne saurai jamais quelle
conclusion il en aura tirée. J'ai toujours pensé
que ce n'était pas pour le compte d'Israël, mais pour le compte des Etats-Unis,
peut-être du Président JOHNSON lui-même mais plus probablement du ministre de
la Défense, Mac NAMARA, que le général Moshé DAYAN était venu étudier pendant
quinze jours la situation militaire au Sud-Vietnam.
En mars 1968,
l'envie me prend d'aller voir en quel état se trouve Hué après les combats qui ont opposé pendant une vingtaine de jours, dans une partie de la
ville, les Vietcongs à l'armée sud-vietnamienne fortement appuyée par les Américains. Le
Consulat Général, de son côté, voudrait avoir des nouvelles de ses résidents dans la
province. Il est décidé avec GIOVANGRANDI d'en faire le motif de mon déplacement. On me donne
les coordonnées du correspondant local de
la chancellerie et je prends l'avion pour Hué. De l'aéroport, je vais directement à
l'usine électrique qui alimente la ville. Située au fond d'un ravin, elle n'a pas
été touchée par la guerre. Son directeur est français. C'est lui qui fait fonction de
représentant du Consulat. Il m'accueille chaleureusement et tient à m'installer
lui-même à l'hôtel Morin, un des fleurons de Hué du temps des Français. Il n'a
pas été épargné par la guerre. Sa décrépitude saute aux yeux. Nous parcourons
un long couloir à la moquette pisseuse. Ma chambre est tout au bout. Le jour y
entre par un trou d'obus de mortier, dans un angle, près du
plafond.
Mes bagages
déposés, nous établissons le programme des visites que nous nous proposons de
rendre à nos compatriotes en fonction du temps que lui laissera l'usine. Elles
vont nous prendre trois jours. Le mythe de la mère-patrie est encore bien
vivant chez les Français et les Françaises que nous rencontrons. La joie qu'ils
éprouvent à voir que la France, comme ils disent, ne les a pas abandonnés est
touchante. Les récits que je recueille, l'expérience personnelle de mon guide,
les entretiens qu'il m'a ménagés avec trois universitaires bouddhistes me
fourniront la matière de plusieurs rapports à Paris sur ce qu'on englobait sous
le nom d'évènements de Hué.
J'ai projeté pour
me détendre une excursion sur la rivière des Parfums. Elle a toujours été
entourée d'une légende érotique. Peut-être parce que les empereurs d'Annam
étaient de chauds lapins qui passaient le plus clair de leur temps à honorer
dans de douillettes soupentes leurs nombreuses concubines. A cette époque
encore, on ne pouvait pas parler de Hué sans évoquer immanquablement la rivière
des Parfums, ses sampans et ses masseuses aveugles. Je me rends donc au bord du
fleuve. Quelques sampans sont bien amarrés là, mais, à cause de la guerre, ils
ne naviguent que la nuit. Je m'accroche quand même à mon fantasme et retiens
un sampan pour le soir. A peine suis-je embarqué que je le regrette déjà. Sur
le bateau autour de moi, les visages sont tendus, renfrognés. Ils ne tardent
pas à me paraître patibulaires. Une vieille me
sert d'autorité une bière tiède que je dois payer sur-le-champ. Personne ne dit
mot. La nuit est d'un noir d'encre. Pas une lumière sur les rives. On n'entend
que le halètement saccadé du moteur. Tout me semble d'une infinie tristesse et
je ne me sens pas franchement rassuré. Aussi, dès que possible, je manifeste
mon désir de rentrer. Aussitôt, le sampan fait un large virage et c'est avec
soulagement que je retrouve ma chambre percée de l'hôtel Morin.
Nous avons prévu de
consacrer mon dernier après-midi à une visite de la Cité Impériale ou plutôt de
ce qu'il en reste. Les Vietcongs ont résisté longtemps dans la citadelle qui en
protège l'entrée. Je suis surpris de constater qu'elle est apparemment
inoccupée. Pas un seul soldat sud-vietnamien n'est visible dans les alentours.
Plus de grilles, l'entrée de la Cité est béante. Nous pénétrons à l'intérieur. Personne,
absolument personne non plus dans les parages.
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